Rire détend, rapproche et met de bonne humeur. Mais lorsqu’une personne enchaîne blagues et calembours sans pouvoir s’arrêter, l’humour n’est plus un simple trait de caractère : il peut s’agir d’un symptôme médical. C’est le cas du syndrome Witzelsucht, un trouble rare qui pousse à plaisanter en continu.
Quand la blague devient incontrôlable
Normalement, le cerveau filtre nos pensées pour éviter de dire chaque idée farfelue qui nous traverse l’esprit. Mais en cas de lésion du lobe frontal (traumatisme, tumeur, démence), ce contrôle s’affaiblit. Résultat : la personne multiplie jeux de mots, rires déplacés et plaisanteries répétitives, sans réaliser que ce n’est pas approprié.
Qu’est-ce que le Witzelsucht ?
Issu de l’allemand « soif de plaisanteries », le terme décrit un trouble identifié au XIXᵉ siècle. Les patients touchés lancent des traits d’esprit incessants – souvent pauvres ou répétitifs – et rient davantage à leurs propres blagues qu’à celles des autres. Les examens montrent fréquemment des atteintes dans les zones cérébrales liées au contrôle social et à la régulation émotionnelle.
Une avalanche de calembours
Les Anglo-saxons parlent de « punning mania », une manie des jeux de mots. Contrairement à un humoriste qui maîtrise silences et effets, le patient ne parvient pas à doser et fatigue rapidement son entourage. Un signe distinctif : même interrompue, la personne reprend son flot de blagues, preuve que ce n’est pas volontaire mais lié à un trouble neurologique.
Un accompagnement nécessaire
Dans la vie quotidienne, le soutien des proches et la rééducation cognitive peuvent aider à retrouver des freins : apprendre à reformuler, instaurer des pauses ou reconnaître quand « ce n’est pas le moment ».
Un rappel que, parfois, l’excès d’humour peut cacher une véritable maladie neurologique.