Autrefois rois des charts, les groupes comme les 2Be3, Coldplay ou encore Indochine dominaient les tops. Aujourd’hui, ils sont presque absents des classements. À leur place ? Une vague d’artistes solos et de featurings à la chaîne.
Chiffres à l’appui : la chute est nette
En 1994, près de 45 % des titres dans les classements en France étaient signés par des groupes. En 2024, ils ne représentent plus que 5 %, selon les données relayées par BFMTV via le Snep. Aux États-Unis, c’est encore plus frappant : moins de 2 % des artistes du Billboard sont des groupes.
Les réseaux sociaux, moteur de l’individualisme musical
Aujourd’hui, un artiste peut se lancer en solo depuis sa chambre grâce à TikTok, Instagram ou YouTube. Fini le temps où il fallait monter un groupe pour créer un projet musical. Résultat : moins de collaborations fixes, et plus d’univers individuels.
“Les réseaux sociaux sont des outils très personnels, et les artistes n’ont plus besoin de s’entourer”, explique Antoine Gouiffes-Yan, patron du label Parlophone.
Une question aussi de coût et de gestion
Produire un groupe, ça coûte plus cher : plusieurs membres à rémunérer, plus de logistique en tournée, plus de risques de tensions internes. Beaucoup de maisons de disque préfèrent donc miser sur des solos rentables.
“C’est plus simple, plus rapide, et souvent plus efficace”, confirme Loïc Dumoulin-Richet, auteur du podcast Cd2titres. Il se souvient : “J’ai managé un groupe de cinq musiciens... chaque déplacement coûtait une fortune !”
La mode des featurings à la place des groupes
Autre tendance : les collaborations ponctuelles. Inviter un autre artiste le temps d’un titre, c’est plus souple, plus viral et plus stratégique sur les plateformes. Deux artistes = deux communautés = plus de streams.
“Les featurings cartonnent parce qu’ils additionnent les publics”, résume le DG de Parlophone.
Les genres qui dominent ne laissent plus beaucoup de place aux groupes
Le marché est désormais porté par la musique urbaine (rap, R&B...), des genres rarement défendus par des groupes. Contrairement au rock ou à la pop d’avant, ils favorisent les voix uniques et les univers personnels.
Mais les groupes n’ont pas dit leur dernier mot
Certaines formations historiques résistent encore : Indochine, Coldplay, Blackpink, BTS... Ils remplissent toujours des stades et trustent les records. Et selon plusieurs experts, rien n’est jamais vraiment fini en musique.
“La musique, c’est cyclique”, rappelle Antoine Gouiffes-Yan. “Ce qu’on pense dépassé revient souvent en force. On pourrait très bien voir un retour des groupes dans les prochaines années, justement pour se démarquer des milliers d’artistes solos”.