Insolite

« 14 passages aux toilettes » : Un employé licencié après trop de pauses pipi !

18 décembre 2025
media

L’affaire a fait le tour des réseaux sociaux : en Chine, un salarié a été licencié après avoir multiplié les passages aux toilettes. Mais une telle situation pourrait-elle vraiment se produire en Belgique ? Que dit la loi chez nous ?

Un licenciement qui fait polémique en Chine

L’histoire concerne un ingénieur chinois, employé depuis plusieurs années dans une entreprise technologique.
Entre avril et mai 2024, son employeur a recensé 14 passages aux toilettes jugés excessivement longs, certains durant plus d’une heure, voire plusieurs heures.

L’entreprise a assimilé ces absences à un abandon de poste, estimant qu’elles représentaient l’équivalent de plusieurs jours de travail non prestés.
Résultat : le salarié a été licencié, malgré le fait qu’il invoquait un problème médical.

Un argument de santé jugé insuffisant par la justice

L’ingénieur expliquait souffrir d’un souci de santé intime nécessitant des passages prolongés aux sanitaires.
Il a fourni des preuves médicales, mais les juges ont considéré que :

  • la durée des absences dépassait largement un besoin physiologique normal,

  • l’employeur n’avait pas été informé officiellement,

  • aucune procédure de congé maladie n’avait été enclenchée.

Après plusieurs recours, l’entreprise a finalement accepté de lui verser une indemnité limitée, bien inférieure à ce qu’il réclamait.

Et en Belgique, peut-on être sanctionné pour ses pauses toilettes ?

La réponse est beaucoup plus nuancée.

En Belgique, l’accès aux toilettes est considéré comme un besoin fondamental lié à la santé et à la dignité du travailleur.
Un employeur :

  • ne peut pas interdire l’accès aux sanitaires,

  • ne peut pas fixer un nombre maximum de passages,

  • ne peut pas chronométrer systématiquement un salarié sans justification sérieuse.

Le temps passé aux toilettes est en principe considéré comme du temps de travail effectif.

Quand cela peut-il poser problème malgré tout ?

Un employeur belge peut toutefois intervenir dans des cas très spécifiques, notamment si :

  • les absences sont exceptionnellement longues et répétées,

  • elles entraînent une désorganisation réelle du service,

  • le salarié ne communique pas sur un problème médical connu,

  • ou s’il existe un abus manifeste (ex. quitter son poste sans prévenir pendant de longues périodes).

Même dans ces cas, un licenciement ne serait possible qu’après une analyse très stricte, et pourrait être contesté devant le tribunal du travail.

La santé du travailleur reste prioritaire

En Belgique, si un salarié souffre d’un problème médical nécessitant des pauses fréquentes :

  • il est invité à en informer son employeur,

  • un aménagement du poste peut être envisagé,

  • un médecin du travail peut intervenir,

  • ou un arrêt maladie peut être prescrit.

Sanctionner un travailleur malade sans prendre ces éléments en compte exposerait l’employeur à de lourdes conséquences juridiques.

Conclusion : un cas très difficilement transposable chez nous

L’affaire chinoise choque car elle va à l’encontre d’une idée largement partagée :
aller aux toilettes n’est pas une faute.

En Belgique, un licenciement uniquement basé sur des pauses toilettes serait extrêmement difficile à justifier légalement, surtout sans abus clairement démontré ou sans dialogue préalable.

Bref : inutile de stresser à chaque passage aux sanitaires… tant que la bonne foi et la communication sont au rendez-vous.